|
Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime
|
Sa protestation ses chants et ses héros
|
Au-dessus de ce corps et contre ses bourreaux
|
A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime
|
|
Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu
|
Emplissant tout à coup l'univers de silence
|
Contre les violents tourne la violence
|
Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue
|
|
Un jour pourtant, un jour viendra couleur d'orange
|
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
|
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
|
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
|
|
Ah je désespérais de mes frères sauvages
|
Je voyais, je voyais l'avenir à genoux
|
La Bête triomphante et la pierre sur nous
|
Et le feu des soldats porte sur nos rivages
|
|
Quoi toujours ce serait par atroce marché
|
Un partage incessant que se font de la terre
|
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
|
Et dont tremble un poignard quand leur main l'a touché
|
|
Un jour pourtant, un jour viendra couleur d'orange
|
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
|
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
|
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
|
|
Quoi toujours ce serait la guerre, la querelle
|
Des manières de rois et des fronts prosternés
|
Et l'enfant de la femme inutilement né
|
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles
|
|
Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
|
Le massacre toujours justifié d'idoles
|
Aux cadavres jetés ce manteau de paroles
|
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou
|
|
Un jour pourtant, un jour viendra couleur d'orange
|
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
|
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
|
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
|
|
|
|
-----------------
|
Un jour un jour
|
| Jean Ferrat |