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Il sortent de l'enfance comme s'ils sortaient d'un bois
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Plus tremblants d'arrogance que de peur ou de froid
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Les jeunes loups, les jeunes loups.
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Ils abordent la vie avec la même foi
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Chacun guettant sa proie d'un égal appétit
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De jeunes loups, les jeunes loups
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Si vous tentez de les séduire
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Ils vous montrent les dents,
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Mais quand ils sourient
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Leur sourire est celui d'une entant
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Il ne faut pas les flatter
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De la main, ce ne sont pas des chiens
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Ils gardent toujours leur fierté
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Même s'ils n'ont pour manger
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Qu'un seul os à ronger.
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Ils aiment s'amuser, mais ne savent pas qu'ils jouent
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Quand entre chien et loup on les voit déguisés
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En loups-garous, les jeunes loups.
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Parfois leurs yeux s'allument
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Quand passent les jeunes filles
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Aux longs cheveux de lune
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Qu'ils suivent dans la rue
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A pas de loups, les jeunes loups.
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Et bientôt dans leur coeur tout bouge
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Quand ils se voient tremblants
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Au bras d'un petit chaperon rouge
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Qu'ils habillent de blanc
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Ils se croient apprivoisés,
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Installés dans un conte de fées
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Mais rien n'est fini pour autant
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Car la vie les attend
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Pour leur faire les dents
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Pour que jeunesse se passe
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Ou sans raison du tout
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On leur dit tout à coup d'aller
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Faire la chasse, aux autres loups,
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Les jeunes loups
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Avec ou sans lauriers, ils reviennent meurtris
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Et peuvent réciter, même sans l'avoir appris
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La mort du loup, les jeunes loups
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Alors ils arrêtent leurs frasques
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Et s'arrachent soudain
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Le loup qui leur servait de masque
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Et par un beau matin
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Ils se retrouvent à la croisée des chemins
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Seuls devant leur destin
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Et prennent la voie de leur choix
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Qu'ils poursuivent tout droit
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Sans reculer d'un pas.
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Même si beaucoup d'entre eux
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Vivent sans foi ni loi, cela importe peu
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Ce qui compte pour moi
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C'est qu'ils sont devenus des hommes
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Et qu'un jour parmi eux
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Il s'en trouvera deux...
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Pour aller fonder Rome.
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Aux jeunes loups
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| Jean-Claude Annoux |